Dire merci, c’est reconnaître son interdépendance.
En ces temps où nous nous sentons menacés aux quatre coins du monde par les attaques du coronavirus, il y a un mot qui revient souvent, c’est MERCI !
MERCI, quel joli nom, qu’il fait du bien à entendre ! Pourtant, dans notre monde pressé, habitué aux services express, nous avions tendance à l’oublier, certains même pensaient inutile de l’apprendre à leurs enfants… Mais dire MERCI n’est pas une simple formule de politesse, c’est reconnaître au vrai sens du terme, en leur donnant un visage, celui qui, d’une façon ou d’une autre, nous permet d’être en vie. C’est reconnaître notre interdépendance.
Nous avons tant de MERCI à dire
En disant MERCI à la boulangère, à la caissière du supermarché, au serveur qui nous apporte notre plat, nous ne disons pas seulement MERCI à une personne, nous disons merci à toute une chaîne de femmes et d’hommes qui par leur engagement, leur travail, leur savoir-faire, depuis la première graine semée jusqu’au repas dans notre assiette, nous permet de nous nourrir.
En disant MERCI aux médecins, aux infirmières, ce n’est pas seulement eux que nous remercions pour leur dévouement et les soins qu’ils nous portent, nous disons aussi MERCI à tous les soignants, les professeurs, les chercheurs, qui ont transmis leurs savoirs, qui ont développé les thérapies, qui ont découvert les traitements qui nous permettent aujourd’hui de résister efficacement aux maladies, de nous remettre d’un accident, de nous soulager de la souffrance.
Nous avons tant de MERCI à dire !… D’abord, à tous ceux qui nous apportent leur amour, leur attention, sans lesquels nos vies sècheraient sur pied, comme des plantes sans sève. MERCI à ceux qui nous permettent d’avoir un toit, de l’eau saine au robinet, de se chauffer, s’éclairer, de se brancher à Internet… MERCI à ceux qui ont pensé et fabriqué les mille et une choses que nous utilisons tous les jours sans nous rendre compte à quel point nous serions démunis si nous ne les avions plus. MERCI à ceux qui nous ont éduqués : parents, amis, professeurs, éducateurs, écrivains, journalistes… et qui nous ont permis de devenir ce que nous sommes. MERCI aussi aux artistes, aux créateurs qui nous émeuvent, nous font rêver, nous font rire et rendent nos vies plus agréables. Je vous laisse le soin de terminer la liste…
MERCI n’a pas de prix
Dire MERCI c’est l’antidote de JE VEUX. « Je veux » se heurte et se blesse toujours au « je veux » de l’autre. C’est ce qui rend nos sociétés si violentes et cyniques. C’est ce qui entretient de la souffrance en nous. « Je veux » nous maintient dans le sentiment que tout est dû, que nous n’en avons jamais assez. L’autre est forcément un obstacle, un concurrent qui veut prendre la part qui vous revient. Pourtant, posez-vous la question, juste sur une journée, combien de fois avez-vous eu besoin de quelqu’un, combien de fois avez-vous mangé, regardé, écouté, senti ce que d’autres ont produit pour vous, combien de fois avez-vous utilisé des objets que vous n’avez pas créés vous-même, combien de fois vous êtes-vous servi de savoirs que d’autres vous ont appris ?…
Aujourd’hui beaucoup de gens pensent qu’il suffit de payer pour être quitte. Mais un billet de banque, même le plus gros, ne fait rien pousser de terre, ne soigne aucune plaie, aucune maladie, ne nous apprend rien, n’écrit pas de poèmes, ne compose pas de musique !… Payer ne dispense pas de dire MERCI. Quand nous disons MERCI, nous remercions l’autre d’être là pour nous.
MERCI à la vie
Nous pouvons même aller plus loin. Ce ne sont pas seulement les êtres vivants – il n’y a pas que les humains ! – qu’il faut remercier, mais la nature tout entière : le ciel qui grâce à son atmosphère nous permet de respirer, le soleil qui nous éclaire, nous réchauffe, l’eau apportée par les pluies dans les rivières, la terre qui nous nourrit… Dire MERCI à notre précieuse nature, c’est reconnaître que nous en faisons partie, c’est se rappeler qu’il est de notre responsabilité de la protéger pour nous protéger nous-mêmes et pour protéger les générations futures, et non de s’en servir en utilisant ses ressources à outrance comme nous le faisons depuis plusieurs décennies.
La nature est notre corps et notre corps est la nature. Nous portons en nous des milliards de cellules, de bactéries, de neurones qui font fonctionner nos organes, qui nous permettent de bouger, de penser, d’aimer, qui nous défendent contre les maladies, et nous sommes nous-mêmes une cellule, une bactérie ou un neurone de ce grand organisme qu’on appelle l’univers.
Dire MERCI au monde, dire MERCI aux autres, c’est simplement dire MERCI à la vie. J’entends déjà les « je veux plus » rétorquer : « mais pourquoi dire MERCI à la vie, elle est tellement décevante, tellement cruelle ! » Pourtant, même parmi eux, bien peu, j’espère même aucun, ne préfère la mort à l’extraordinaire expérience d’être vivant. En réalité, ils aiment tellement la vie qu’ils en veulent davantage !
La vie de chacun dépend de tous, c’est cela le sens de l’interdépendance. Alors, MERCI à vous !
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