Eveil Meditation

Ouvrir les yeux

L’éveil, c’est ouvrir les yeux

Zazen, contrairement à d’autres formes de méditation,  est une pratique dans laquelle il n’y a ni objet – réel ou imaginaire, que ce soit  la flamme d’une bougie, une image ou  son propre corps–, ni sujet pour les observer, mais une attention à soi dans sa globalité, à la fois présence et vacuité, vision intérieure et extérieure, unie dans une perception commune. Pour cette raison, zazen se pratique les yeux mi-clos et non fermés (à ce sujet voir l’article Commencer la méditation zen) . Même si l’on médite assis devant un mur, on reste conscient de son extériorité et du monde qui nous entoure.

Être ni à l’intérieur ni à l’extérieur

Je suis personnellement attaché à cette pratique, car même s’il est vrai que toutes nos sensations, nos émotions, nos idées prennent naissance dans l’intimité de notre corps, « à l’intérieur », elles naissent de l’interaction avec le monde extérieur. Nos sensations sont liées à nos perceptions : le contact de l’air dans notre nez et dans nos poumons, de l’étoffe sur notre peau, du sol sous nos pieds, de la lumière dans nos yeux, du son dans nos oreilles… Et puis la pensée s’en empare et discrimine, oppose, classe en bon et mauvais, en beau et laid, en doux et dur, en utile et nuisible, etc.

Avec les yeux mi-clos, je garde une vision extérieure de mon corps et de mon environnement tout en étant attentif à ce qui se passe en moi. Je reste en contact.

Se concentrer uniquement sur soi, sur ses sensations, en se coupant du monde extérieur peut développer une vision solipsiste dans laquelle l’expérience individuelle serait la seule réalité, sans prendre en compte la nécessité d’un monde extérieur dans la création des phénomènes que nous percevons. Ce serait oublier notre interdépendance. À moins de croire que le monde disparaît dans le néant dès que nous ne sommes plus là pour le regarder !

Voir la lumière

Ouvrir les yeux, c’est voir. Voir le monde tel qu’il est et non comme on l’imagine, comme on le pense. Se voir tel qu’on est, ici et maintenant, sans référence à son passé, à son identité, à sa position sociale et familiale, sans projeter dans l’avenir ses désirs, ses ambitions, ses craintes. C’est se voir sans se comparer, sans se juger. C’est revenir à la conscience brute de ce qui est, en mettant en suspend un instant tout ce qu’on pense savoir.

Méditer, c’est voir la lumière. Je ne vois pas en réalité le mur devant moi, ni l’arbre dans le jardin, ni le nuage dans le ciel, je ne vois que la lumière qui s’y réfléchit. Le reste n’est qu’interprétation de mon cerveau, constructions mentales. Nous créons nous-mêmes les objets que nous observons. Sans notre regard, sans notre perception, sans l’intentionnalité de notre conscience, ils sont pris dans l’unité indéfinie de la nature.

Comme on regarde la mer…

Nous avons tous fait l’expérience du sentiment de plénitude et de sérénité qui nous habite lorsque nous regardons les mouvements de la mer ou les flammes d’un feu de bois dans une cheminée. La raison en est simple. La mer comme le feu n’ont pas de forme propre, stable, le cerveau ne peut les délimiter, les figer dans une image. Libéré de la forme, l’esprit retrouve son unité dans l’expérience pure de la perception du réel.

C’est la même chose quand on médite. Il faut apprendre à voir sans voir quelque chose, à entendre sans entendre quelque chose, à être conscient sans être conscient de quelque chose, juste être conscient de notre présence au monde.

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