« L’instant où Dieu créa le premier homme, et l’instant où le dernier doit disparaître, et l’instant où je parle, sont égaux pour Dieu et ne sont qu’un instant. » Maître Eckhard
Le Dieu de la Bible nous a dit : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le commencement et la fin ». Tout ce qui peut être écrit dans l’Univers est entièrement contenu dans les quelques lettres de cet alphabet originel, avec un nombre infini de combinaisons. Mais les lettres ne suffisent pas à écrire l’Histoire, il faut aussi le Temps. Si ce Dieu Créateur existe, Il a dû créer le temps pour que le monde soit. Tant que la symphonie n’existe que sous forme de partition, personne ne peut l’entendre. Ce sont juste des signes posés sur du papier. On peut les lire dans un sens ou un autre, sauter des pages… Pour que la symphonie existe réellement, elle doit être jouée, c’est-à-dire s’inscrire dans le temps. C’est le temps seul qui donne la direction de l’œuvre, ses mouvements, ses rythmes, ses silences…
Le temps fait partie des phénomènes
Le temps n’est pas une valeur absolue, un flux dans lequel viendraient s’ordonner tous les phénomènes. Le temps, comme l’espace, font partie du phénomène, ils le constituent. Notre univers en est le meilleur exemple. Avant le Big Bang, il n’y avait ni espace ni temps. C’est parce que les phénomènes ne peuvent exister sans le temps que toute création est impermanente. Prendre conscience de l’impermanence c’est donc prendre conscience du temps. Car qu’est-ce que le temps pour l’homme si ce n’est la mesure de ce qui change, le temps qu’il faut pour que le jour devienne nuit, qu’un fruit apparaisse sur l’arbre, murisse et pourrisse, qu’un nourrisson devienne un vieillard, qu’une passion amoureuse se transforme en tendresse, en indifférence ou en répulsion. Même la distance est une durée. C’est le temps qu’il faut pour aller d’un point à un autre, pour passer de l’état d’être là à l’état d’être ailleurs, autrement dit d’avoir changé d’être là .
Le temps sans durée du présent
En réalité, nous n’avons pas réellement conscience du temps, comme nous n’avons pas conscience que notre terre tourne… Nous n’avons conscience que de la durée qui sépare le présent d’un moment passé ou futur. Dans notre vécu, le temps est un présent toujours recommencé. C’est par la pensée que temps devient durée.
On comprend alors pourquoi durant la méditation nous cherchons à neutraliser le fonctionnement de nos pensées – notamment tout ce qui réactive nos souvenirs ou nos projets – et à rester concentrés sur le présent. S’immobiliser physiquement et mentalement, c’est se détacher du temps phénoménal pour revenir à l’Être. Être, c’est réduire l’espace à ici, le temps à maintenant. Être englobe tout. S’il n’y a plus de durée, il n’y a plus de distance. La notion de près ou de loin n’a plus de sens ni celle d’avant ou d’après. En méditant, nous sortons temporairement du monde des phénomènes pour revenir dans le temps sans durée du présent.
Pas de commentaire