Le mot de l’auteur

Depuis l’adolescence je suis attiré par les philosophies orientales, et je voyais bien que dans tous les textes que je lisais, la méditation y occupait une place centrale. Moi, en bon petit occidental, les seules méditations que je connaissais c’étaient celles de Descartes, le père du célèbre « Je pense donc je suis » qui nous apprend que c’est par la pensée que nous pouvons prendre conscience de notre existence. Méditer, c’était donc pour moi se concentrer par la pensée sur quelque chose, le plus souvent une idée, où une action à accomplir (ce qui reste quand même une idée…). Quand on a été élevé intellectuellement dans la vision cartésienne du monde, il est très difficile de comprendre ce que veut dire méditer pour un hindou ou pour un bouddhiste, et pendant de nombreuses années je dois avouer que c’est resté pour moi un mystère.

La méditation, c’est quoi au juste ?

J’ai commencé à pratiquer la méditation dans le cadre de cours de yoga, mais c’était une méditation dirigée sur la concentration. Il fallait fixer son attention sur les parties de son corps, sur sa respiration ou sur des images mentales. Même si les effets étaient bénéfiques, en particulier sur la prise de conscience de son corps, je sentais bien que cela ressemblait plus à des exercices qu’à de la méditation pure. Et puis, une hernie discale m’a obligé à abandonner le yoga et je me suis mis à la recherche d’un endroit où je pourrais seulement méditer. A cette époque la méditation n’était pas encore à la mode et je n’ai trouvé dans la ville où je vis qu’un seul endroit où l’on pouvait pratiquer : un dojo zen. Une chance, car j’y ai découvert, enfin, la véritable méditation.

Le zazen

Pour faire simple (c’est donc un peu réducteur…), la méditation zen, c’est exactement le contraire de ce que nous a appris Descartes : c’est en se déconnectant de ses pensées, en faisant le silence en soi, qu’on prend réellement conscience de ce que l’on est.

Je dois le dire tout de suite, je n’ai jamais adhéré aux rituels du bouddhisme zen et à l’idéalisation de la vie monastique. Je n’ai gardé du zen que la méditation, le zazen, qui me semble être l’essentiel. Je pratique à mon rythme, parfois en groupe, souvent seul. Loin de m’éloigner de ma vie professionnelle, pourtant très active, et de ma vie familiale, la méditation m’a au contraire aidé à mieux appréhender et à comprendre les autres, les situations nouvelles, à garder un regard clair sur les évènements.

La méditation doit faire partie de la vie.

En reprenant conscience de soi, on prend conscience des autres et du monde qui nous entourent, de l’interdépendance qui nous lie à eux. Connaitre c’est regarder, entendre, ressentir et non simplement poser une image ou un nom sur ce que l’on voit. C’est partager, unir. C’est le contraire de se séparer, de s’isoler, de s’opposer comme nous entraîne à le faire notre ego. C’est déraciner la violence et la haine qui pousse sur l’ignorance de l’autre. C’est aimer.