Conscience Meditation

Mushotoku c’est l’esprit du zen

 

Il n’existe qu’un chemin, c’est l’espace qui sépare nos deux pieds au milieu du vide

Mushotoku est un principe essentiel de la méditation zen. Il se traduit par « sans but et sans recherche de profit ». Sans mushotoku, il ne peut y avoir réellement de méditation.

Si vous vous fixez un but, si vous attendez un profit pour vous, par exemple devenir meilleur, être plus en forme ou plus heureux, vous embarquez l’ego dans la méditation. Vous allez immanquablement vous juger, vous comparer, élaborer des stratégies pour réussir. Au lieu de faire silence, vous allez entendre une petite voix dans votre tête vous dire : « Aujourd’hui c’est bien ou c’est pas bien, c’était mieux hier… » Au lieu de lâcher prise, vous allez vous engager dans une compétition avec vous-même. Vous allez essayer de « progresser » pour ressembler à l’image que vous voulez avoir de vous. Vous vous livrerez à des exercices, mais vous ne méditerez pas vraiment. On ne peut méditer qu’en laissant son ego sur le bord du chemin, en remplaçant les mots par le silence, les images par le vide.

Les voies de l’ego sont pavées de bonnes intentions…

Même si la recherche de profit est spirituelle et vise une noble cause : être plus sage, plus vertueux, atteindre l’éveil…, cela reste un moyen habile pour l’ego d’assouvir son désir de reconnaissance, de gratification et, malheureusement dans certains cas, d’exercer son pouvoir sur les autres. C’est le cas des gourous par exemple.

Comme l’a dit Bouddha : « Vouloir atteindre l’Eveil est le plus grand obstacle à l’Eveil ». Il faut cesser de vouloir pour réaliser ce qu’on est. C’est pour cela que je me méfie de toutes les méthodes de méditation. Dès qu’un coach, ou même un maître, vous disent ce qu’il faut faire, votre esprit se fixe pour but de suivre ses instructions avec la volonté de « bien faire ». Vous n’êtes plus ici, dans l’immobilité, mais en mouvement vers quelque chose, poussé par le désir de l’atteindre. Vous n’êtes plus maintenant, mais dans la projection de ce que vous allez accomplir.  Ce désir va vite se transformer en insatisfaction, en frustration, en déception, en colère contre vous-même, si vous n’arrivez pas au résultat espéré, ou au contraire, si vous y parvenez, en un sentiment de plaisir, de gratification, que vous essaierez de retrouver les prochaines fois.

Nous ne devons pas nous servir du zen, mais servir le zen.

Il est difficile de faire la part de ce qui nous motive quand nous nous engageons dans une démarche spirituelle, de ce qui nous pousse vers telle ou telle religions, telle ou telle pratiques. Il y a forcément un désir, l’attente de quelque chose. Si nous restons à ce stade en pratiquant la méditation, que ce soit pour se sentir mieux physiquement et mentalement ou pour atteindre l’éveil spirituel, la méditation n’aura aucun effet profond, car elle sera toujours pilotée par l’ego à la recherche de profits personnels. Elle aura pour objet “moi” et non la méditation elle-même.

La pratique de zazen commence par mushotoku. L’abandon de toute intentionnalité, de toute recherche de profits, quelles que soient leurs formes, neutralise l’ego et ses effets.  Faire zazen, c’est passer de l’action pour soi à l’action en soi, qui est la méditation même.

La méditation est une rencontre avec soi-même

Dans le zazen, il n’y a aucune voie tracée d’avance,  aucune instruction à suivre. Il faut juste s’assoir et garder sa posture – c’est la seule chose qu’on doit apprendre. Le reste est découverte, une rencontre avec soi-même, dans la plus profonde intimité.

Mushotoku n’est possible qui si l’on s’est débarrassé de l’illusion des croyances, des promesses de salut ou d’Eveil, des sauveurs, des révélations, des miracles… Il ne faut rien attendre de l’extérieur et avoir la certitude que tout se trouve en nous. Suivre la voix (et la voie) de quelqu’un d’autre c’est perdre la présence à soi, rompre l’unité. C’est aussi croire que cette personne détient une vérité qui nous échappe, qu’il détient quelque chose que nous n’avons pas et dont il pourrait nous faire bénéficier, c’est croire à une promesse, quelle qu’elle soit. C’est le contraire de mushotoku, car on ne croit pas aux promesses sans en attendre un cadeau…

Si l’on doit trouver l’Eveil, Dieu ou la nature de Bouddha, nous n’avons pas à le chercher ailleurs qu’en nous-même, et il n’y a pas d’autre chemin que nous.

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