Conscience Meditation

Etre présent

En méditation, il faut rester immobile comme le rocher au milieu de la rivière

Pourquoi insiste-t-on toujours dans la méditation sur la présence à l’instant : « être ici et maintenant » ? Simplement parce qu’être présent, c’est forcement ne faire qu’un. Il n’y a pas celui qui physiquement est là, et celui qui est ailleurs par la pensée, dans un autre lieu, une autre époque, avec d’autres personnes…

Nous sommes rarement conscients du présent, absorbés par les pensées qui forment entre nous et le réel un mur invisible. Et c’est ce mur, sur lequel nous projetons nos souvenirs, nos désirs, nos pensées et les images qui les accompagnent, que nous prenons bien souvent pour la réalité. Nous vivons dans cette illusion, et comme les spectateurs devant l’écran de cinéma, nous réagissons émotionnellement à cette réalité virtuelle.

Ici et maintenant

Être ICI, c’est être au monde, c’est être conscient de son contact avec le monde et du caractère changeant et éphémère de ce contact. Mes sensations, mes émotions, mes idées passent et se transforment sans cesse, comme la perception du vent sur mon visage. C’est le même vent qui souffle, mais je ne le ressens jamais de la même manière. Le vent est juste un mot, la réalité du vent c’est ma perception et les sensations que cette perception éveille en moi. Il n’y a pas de réalité indépendamment de ma relation au monde et aux êtres qui l’habitent. Le monde et les autres existent surement en dehors de ma relation avec eux, mais leur existence n’est alors qu’une idée.

Être MAINTENANT, c’est être hors temps. Le passé et le futur n’existent plus. Nous avons besoin de nous rappeler le passé pour agir dans notre vie quotidienne, et aussi de pouvoir prévoir ce qui va se produire dans l’avenir, mais pour méditer cela ne nous est d’aucune utilité. Le passé comme l’avenir n’existent que dans nos pensées, dans notre imagination. Je ne peux pas être en même temps celui qui médite et celui qui pense à ce qu’il médite, qui pense à ce qu’il s’est passé où à ce qu’il va arriver. Dans maintenant, il n’y a pas de temps pour le temps…

L’illusion du devenir

Depuis notre plus jeune âge nous nous sommes habitués à nous projeter dans le futur. Nous nous rêvons devenant quelqu’un différent de nous-même : « Quand je serai grand, je serai… »  Mais on ne devient jamais, on est. Nous n’existons qu’au présent. Nous ne rencontrerons jamais celui qu’on imaginait être. Il vit dans un monde parallèle, dans notre imaginaire, dans cette fiction qu’on appelle moi.

Pourtant, nous mettons tellement d’énergie à essayer de DEVENIR celui que nous voulons être, nous déployons tant d’efforts pour y parvenir, que nous perdons de vue celui que nous sommes réellement ici et maintenant.

Cet attachement à l’idée de devenir est une manifestation de l’ego. L’ego veut être. Il n’existe pas dans l’instant, il a besoin de temps pour se projeter, pour se déployer afin de donner un sens, une illusion d’existence à celui qu’on appelle moi. Ainsi, il est plus facile de dire ce qu’on veut être que ce qu’on est réellement. Pourquoi ? Parce que le présent fuit sans cesse, et notre moi  s’échappe avec lui.

La progression n’existe pas

Parfois, j’entends des gens dire : « J’ai l’impression de ne plus progresser quand je médite ». Mais il n’y a pas de progression dans la méditation. Il y a ce que je vis aujourd’hui et ce que je vivrai demain,  que je ne connais pas encore. Toute idée de progression ou de régression naît de la comparaison de ce qui est avec ce qui a été, ou  ce qu’on imaginait qui serait. Si l’on est réellement présent dans l’instant, on n’a pas le temps de comparer. Les pensées, les souvenirs, meurent aussi vite qu’ils sont venus. L’idée de progression est un jugement à posteriori.

« Il n’y a ni naissance, ni commencement, ni pureté, ni souillure, ni croissance, ni décroissance. » dit le Maka Hannya Haramita Shingio, le soutra de la Grande Sagesse. Souvent, entretenir l’illusion de la progression est une stratégie pour se justifier de ne pas être ce qu’on veut être, ni faire ce qu’on voudrait faire dans notre vie présente. Une façon de se donner du temps. Mais se donner du temps est un leurre. Soyons honnêtes, nous ne savons pas être meilleur ou plus fort ou plus sage demain, nous pouvons seulement être ce que nous sommes aujourd’hui.

Maintenant coule comme une rivière

En méditation, il faut rester immobile comme le rocher au milieu de la rivière et laisser le temps s’écouler. L’eau passe au pied du rocher, c’est toujours la même rivière, mais l’eau n’est jamais la même, et son courant, aussi fort soit-il, ne l’emporte pas. Il ne faut pas chercher à arrêter le cours du temps, comme le photographe fige l’instant dans l’objectif de son appareil photo. La vie est comme l’eau, c’est un flux, on ne peut le découper en tranches. Maintenant meurt à chaque fraction de seconde d’où naît un nouveau maintenant.

Être présent, c’est empêcher la pensée de nous retenir dans le passé, l’empêcher de se développer, de reconnaître, de nommer, de comparer, de juger, de craindre, de vouloir…  Il faut laisser mourir chaque pensée avec l’instant qui passe, l’abandonner au courant qui l’emporte. La conscience du présent ne peut être formulée, réfléchie. Avant que la pensée s’en empare, elle est déjà morte. Être ici et maintenant, c’est être pleinement conscient de l’impermanence des choses.

Etre ne peut se conjuguer qu’au présent

Méditer c’est être présent à soi-même et présent à ce qui est, libéré des liens qui nous tirent vers le passé et des désirs qui nous poussent vers l’avenir. C’est dans cette présence à l’instant que nous retrouvons notre unité, la conscience profonde d’être.

Maître Deshimru disait : « On reviendra peut-être ici, on ne reviendra jamais à maintenant ».

 

 

4 Commentaires

  • Kath

    Toujours un vrai plaisir que de comprendre ce que vous ns écrivez. Merci

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  • Max Ruiz

    Non, hélàs.
    Notre condition est autre. Nous n’y pouvons rien. Nous serions les enfants de dieu, s’il y en avait un. Nous sommes distraits, nous sommes volages. Nous sommes papillons attirés par la lumière.
    Nous sommes nos rêves. Nous sommes la maladresse de ne pas savoir qui nous sommes. Nous sommes l’imperfection de dieu et c’est pour ça que nous avons imaginé un dieu.
    Nous ne sommes pas “moins

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    • Richard Seff

      J’aime beaucoup “nous ne sommes pas moins”. Je suis d’accord, nous sommes inconstants, volages, rêveurs, maladroits, etc. Mais nous ne sommes pas la distraction, ni l’inconstance, la rêverie ou la maladresse, aucun de ces adjectifs ne nous défini. Nous sommes celui qui les vit, cette indéfinissable présence à nous même qui sait que je suis moi, mais ne sait pas dire qui est moi.

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