Nous sommes ce qu’a fait de nous la force qui tisse les fleurs – René Valère
On pense toujours que notre intelligence réside dans notre cerveau. Mais c’est tout notre corps qui est intelligent ! Chacune de nos cellules est intelligente, s’est développée selon une organisation intelligente et continue à chaque instant à réagir, à s’adapter et à évoluer de façon intelligente en fonction des circonstances.
La conscience du corps
Quand je parle là d’intelligence, il ne s’agit pas des fonctions intellectuelles qui nous permettent de calculer la portance d’un pont ou la poussée d’un réacteur, je parle de la capacité à trouver une réponse adéquate pour s’adapter à une situation. C’est ce que fait notre corps, c’est ce que font nos organes et toutes nos cellules pour nous maintenir en vie, sans avoir besoin de notre pensée pour y arriver. Heureusement que nos poumons n’attendent pas notre ordre pour respirer, ou nos globules pour nous défendre des virus ! A tous les niveaux de cette grande usine qui est notre corps, chacun sait ce qu’il a à faire, et la plupart du temps le fait bien, pendant que nous, accompagnés de notre fidèle contremaître l’ego, nous nous donnons l’illusion de tout commander…
Notre cerveau lui-même n’a pas besoin de la pensée pour agir intelligemment, c’est ce qu’on appelle l’instinct ou l’intuition, qui souvent sont meilleurs juges que notre raison. Sans notre cerveau, les abeilles ont des comportements d’une intelligence extraordinaire : elles élaborent des stratégies en cas d’agressions extérieures, communiquent entre elles par un langage corporel pour indiquer aux autres où trouver les meilleurs endroits pour butiner, alerter d’un danger ou choisir ensemble l’endroit où implanter leur ruche. On peut dire la même chose des fourmis et de beaucoup d’autres espèces.
La conscience de la nature
Même le monde végétal fait preuve d’intelligence. A ce sujet, je recommande la lecture du livre passionnant La conscience des plantes. Ce livre décrit comment les plantes et les arbres s’adaptent efficacement à leur environnement, non sur des générations selon le principe de la sélection naturelle de Darwin, mais en quelques minutes. Peut-on avoir cette forme d’intelligence sans posséder un minimum de conscience de soi et de conscience de son environnement ? Répondre oui à cette question, comme l’ont fait les scientifiques durant des siècles, me parait absurde. Même si ce ne sont que des déclenchements de processus chimiques, il faut quand même « savoir » ce qui se passe dans notre environnement, avoir des sensations, « comprendre » qu’il y a un danger – par exemple, que je suis en train de me faire manger par une girafe ou attaquer par des parasites, ou que j’ai des voisins qui me font concurrence et me menacent – pour déclencher les réactions appropriées, même si ces réactions font partie de l’attirail génétique de la plante.
Bien sûr, je ne dis pas ici que les arbres pensent. Ils ne se disent pas « je suis un arbre ». Mais on peut dire que l’arbre « sait » qu’il est arbre. Il sait, depuis qu’il est graine, comment devenir arbre, être arbre, se défendre pour rester arbre et produire de nouvelles graines. Ce n’est pas un enchainement mécanique de process, ce sont des milliers d’informations qui interagissent en permanence avec leur environnement. Qu’est-ce donc que l’intelligence si ce n’est la capacité de traiter des informations, de les organiser et de les utiliser.
La conscience cosmique
C’est ce que font les organes de notre corps des milliers de fois par jour, sans que notre pensée n’intervienne. C’est ce qui se passe dans tout l’Univers. Rien n’est inerte. Sans les informations qui lient entre elles les particules, de façon parfois mystérieuse comme l’a montré la physique quantique avec les expériences sur l’intrication quantique ( voir article https://www.pourlascience.fr/sd/physique/lintrication-quantique-confirmee-par-une-experience-de-bell-sans-faille-12185.php), les particules ne formeraient pas d’atomes. Il n’y aurait aucune molécule, aucune cellule, aucune matière, aucune vie. L’information est à l’origine de la création et non l’inverse. Et ces informations ne peuvent devenir réalité, se transformer en matière que par l’intervention d’une énergie commune.
L’univers peut être pensé comme une matrice immatérielle dans laquelle s’échangeraient en permanence des milliards de milliards d’informations. La matière n’en serait que la manifestation, comme une création réalisée à partir d’algorithmes. Ce que nous appelons la réalité serait le décodage de ces informations selon l’échelle de temps et d’espace dans laquelle nous vivons, et les sens que nous utilisons pour la percevoir. L’espace qui peut paraitre infini pour un acarien est quasiment inexistant pour nous, et ce qui nous paraît infini, n’est peut-être qu’un point pour une autre forme de conscience. Nous retrouvons cette idée à la base de la plupart des philosophies orientales que le monde n’est que phénomène, c’est-à-dire au sens littéral du mot, une apparition.
La conscience sans pensée
On peut croire que derrière cet immense champ d’informations qui forme l’univers se cache un grand développeur appelé Dieu ou que seule la Nature par son évolution a su créer et transmettre ces données, mais dans les deux cas cela nous amène à une forme de conscience qui dépasse largement notre conscience individuelle. Et plus le niveau d’organisation est complexe, plus le nombre d’informations est grand, plus le niveau de conscience individuelle est élevé. Nous en sommes l’ultime exemple à ce jour.
La méditation nous ramène à cette forme de conscience originelle, à la pensée sans penser, que la tradition zen appelle Hishiryo, une connexion avec cette conscience globale, universelle, informulée que nous partageons avec toute la création.
Eric
Merci pour ce partage.C’est un peu compliqué pour moi