impermanence Meditation

Accepter l’impermanence

Accepter l’impermanence, c’est le premier pas vers la sagesse.

Rien en nous n’est stable et permanent. Notre corps est en perpétuel mouvement, en évolution constante, jusque dans la moindre cellule. Nos pensées changent sans cesse, passent de l’une à l’autre, se contredisant parfois en l’espace de quelques secondes. Nos émotions naissent et meurent aussi vite, nos sentiments évoluent avec le temps, nos jugements aussi… Tout autour de nous, le monde, les gens, changent d’un instant à l’autre. Alors pourquoi refuse-t-on d’être en mouvement ? Pourquoi voulons-nous toujours fixer les choses dans une immobilité artificielle, dans une image définitive qui fige la vie en clichés hors du temps ? Pourquoi sommes-nous tant attachés à l’idée d’un moi stable, permanent, imperméable à l’influence du temps qui passe ? Pourquoi l’idée de changer nous fait peur ? Certainement parce que l’ego est une construction mentale, et comme toute construction, elle ne peut tenir sur un sol mouvant. Accepter que l’on puisse changer à tout instant nous empêcherai de dire « je suis ceci, je suis comme cela », nous enlèverait toute possibilité de nous définir. L’ego ne peut exister que dans l’illusion de la permanence. On ne peut pas dessiner son visage, on ne peut pas se décrire si l’on change de forme à chaque instant.

L’illusion de la stabilité

Ainsi l’ego nous maintient dans une vision erronée de nous-même, dans une image de soi figée, forgée par notre mental et déconnectée de la réalité. Nous nous accrochons à cette image pour avoir l’impression d’exister, mais en réalité c’est cette image de soi à laquelle nous nous identifions qui nous empêche d’exister vraiment, qui nous entrave comme des vêtements trop serrés. Accepter l’impermanence, c’est démystifier cette fausse image de soi, c’est accepter de se voir tel qu’on est, c’est-à-dire indéfinissable, mû par des vérités relatives, des convictions provisoires, des sentiments inconstants. C’est accepter sa liberté.

Mais l’esprit humain a horreur de l’impermanence. Il a besoin de vivre dans l’illusion que toute chose est stable et définitive. Or, comme rien ne dure dans ce monde, il est toujours déçu, insatisfait, frustré. Même quand il est heureux, il ressent l’anxiété, l’angoisse, la peur de perdre ce qu’il a, ce qu’il aime. Nous n’acceptons pas l’idée, non seulement que nous sommes mortels, mais que tout ce que nous vivons change sans cesse : nos perceptions, nos sensations, nos pensées, nos opinions, nos émotions… Nous ne pouvons accepter notre caractère inconstant et impermanent. Ce conflit entre ce qu’on est et ce qu’on croit être est source de bien des souffrances.

Souffrir c’est résister au courant

La vie est comme le courant de la rivière. Par peur du mouvement nous essayons de contrôler ce courant, de le détourner, de bâtir des barrages, d’accélérer ou de ralentir sa course… Mais on ne peut pas contrôler le cours de la rivière, on peut juste diriger sa barque.  Ceux qui veulent ramer à contre-courant s’épuisent et n’avancent pas. Ils rentrent en conflit avec la vie, et donc avec eux-mêmes.  Dire oui à la vie, accepter son flux qui nous pousse vers des ailleurs toujours nouveaux, utiliser sa force pour avancer sans effort est la voie la plus sûre pour réaliser son être et vivre en harmonie.

L’impermanence n’est douloureuse qu’a partir du moment où l’on veut diriger, posséder, retenir ce qui ne fait que passer… Comme le dit le Maître bouddhiste zen Thich naht hanh : « Ce n’est pas l’impermanence qui nous fait souffrir. La souffrance, c’est vouloir que les choses soient permanentes alors qu’elles ne le sont pas. »

Rien ne dure, heureusement !

C’est pour cela qu’on a souvent une vision triste de l’impermanence. On l’associe à la séparation, à la fin, au deuil… On l’associe rarement aux bonheurs nouveaux qu’elle nous réserve. Mais, sans l’impermanence, il n’y aurait pas d’autres fois, d’autres rencontres, d’autres découvertes, d’autres expériences à vivre. Lorsque nous sommes malades, nous sommes heureux de savoir que cela ne durera pas éternellement ! Sans l’impermanence nos souffrances seraient insupportables, et nos bonheurs deviendraient vite ennuyeux ! Seule la disparition de ce qui est peut engendrer le nouveau.

La méditation, en nous ramenant  ici et maintenant, nous révèle l’impermanence des choses et de soi-même, car le moment présent meurt et renaît à chaque instant. S’arrêter, rester immobile , c’est une façon de prendre conscience du mouvement du monde, de sentir l’eau de la rivière glisser entre ses doigts. Alors, l’impermanence, au lieu d’être une source de conflit intérieur et de souffrance, peut devenir une source bénéfique d’apaisement, de liberté et de paix intérieure.

 

6 Commentaires

  • Bravo Richard c'est magnifique

    Bravo Richard c’est utile pour notre monde.
    Bises.
    Laurent

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  • Batsalle

    Lorsque nous sommes malades nous ne sommes pas certain de guérir donc pas forcément heureux …… il y parfois un côté irréversible qui nuit à la sérénité et au bonheur

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    • MAURICE patrick

      Si on veut être heureux le seul bonheur exige la durée éternelle de ce même bonheur. Il n’y a pas de bonheur sans qu’il ne soit donné à être aimé éternellement comme en ton corps d’immortalité. Et pourtant c’est justement par ce corps d’immortalité que tu souffres en sentant qu’il pourrait manquer. Tout ce théâtre du drame.

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  • Richard Seff

    Je ne me permettrai pas de donner de leçon de sagesse à ceux qui souffrent dans leur corps ou dans leur âme à cause de la maladie ou du deuil. Je sais très bien que j’aurais moi-même beaucoup de mal à l’accepter. Quand je parle d’accepter l’impermanence, c’est dans le cadre de nos vies quotidiennes.

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    • Anonyme

      Merci, très belle écriture, beaucoup de sens a mes yeux

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