Ce mois-ci le journal Happinez m’a accordé une interview à l’occasion de la sortie de mon livre Comment être zen sans être moine que je suis heureux de partager avec vous.
Ce mois-ci le journal Happinez m’a accordé une interview à l’occasion de la sortie de mon livre Comment être zen sans être moine que je suis heureux de partager avec vous.
« Ma formule pour ce qu’il y a de grand dans l’homme est amor fati : ne rien vouloir d’autre que ce qui est, ni devant soi, ni derrière soi, ni dans les siècles… » Nietzche
Quand on commence à méditer, on a tendance à vouloir « bien faire ». On a cette conviction profonde que si l’on ne fait pas d’effort, si l’on n’impose pas à notre corps notre volonté, on ne va pas y arriver. Mais arriver à quoi ? À atteindre le but que nous nous sommes fixé, à ressembler à l’image idéale que nous avons forgée dans notre tête ? Cela peut marcher pour faire de la gymnastique, déjà moins pour le sport où le corps doit agir plus vite que le mental. L’état d’esprit de la méditation ressemble à celui du yoga et des arts martiaux : par la pratique régulière on n’apprend pas au corps à obéir à son mental, on lui apprend au contraire à se libérer du mental pour agir.
La beauté est dans l’œil de celui qui regarde.
Un soir, ma petite fille, alors âgée de deux ans, s’est arrêtée devant la porte de la maison pour regarder le ciel. C’était une belle nuit d’été constellée d’étoiles. Elle est restée un moment immobile, la tête rejetée en arrière et, alors qu’elle parlait à peine, elle s’est tournée vers moi et m’a dit : « C’est beau ! » Cela m’a profondément ému. D’où vient qu’une enfant de deux ans, qui doit maîtriser à peine une cinquantaine de mots, sache déjà définir ce qui est beau ? D’où vient cette émotion esthétique pour quelque chose d’aussi éloigné de sa petite vie qu’un ciel étoilé ? C’est un des mystères de l’humanité. L’émotion esthétique, qui nous fait trouver de la beauté à quelque chose est une expérience individuelle – nous ne sommes pas forcément d’accord sur ce qui est beau et laid – , mais elle est commune à tous les humains.
“La forme est le vide, le vide est la forme” Sutra de la grande sagesse
Il y a une notion fondamentale dans le bouddhisme zen, c’est Ku. Nous traduisons généralement Ku par vide ou vacuité. Si on prend le terme de vacuité au sens de rien ou néant (ce qui ne veut pas dire la même chose…), comme on le fait souvent en occident, on arrive fatalement à une vision nihiliste. C’est bien sûr un contresens, car dans la philosophie bouddhiste rien ne peut naitre de rien, du fait de la loi de causalité. Même si les phénomènes n’ont pas de substance propre, s’ils ne sont que la production conditionnée d’autres phénomènes, ils existent pourtant, nous en faisons l’expérience à chaque instant.